BIOLOGIE – Des chercheurs ont constaté que les fourmis sont capables d’évaluer leur espérance de vie individuelle
L’homme
n’est pas le seul animal à savoir que l’on a l’âge de ses artères, les
fourmis aussi. Une équipe de chercheurs polonais a découvert que les
ouvrières évaluent instinctivement leur espérance de vie,
indépendamment de leur âge, car elles adaptent leur activité en
fonction du temps qu’il leur reste à vivre.
Pas de retraite chez les fourmisComme la plupart des insectes sociaux, les fourmis modulent leur
activité en fonction de leur âge : les ouvrières les plus âgées ont
tendance à prendre plus de risque, explorant des endroits plus
dangereux et/ou plus éloigné de leur nid. Ce comportement est bénéfique
à la fourmilière car il préserve les ouvrières les plus jeunes, donc
les plus productives. Toutefois, on ne savait pas jusqu’ici si cet
altruisme du risque est, comme une sorte d’horloge interne, uniquement
lié à l’âge absolu de l’ouvrière, ou bien s’il dépend du vieillissement
réel de l’insecte.
Des ouvrières qui sentent le gaz Pour résoudre cette énigme, Dawid Moron et ses collègues de
l’Université de Cracovie (Pologne) ont étudié 11 colonies de fourmis
Myrmica scabrinodis.
Dans chacune des colonies, ils ont marqué d’une tâche colorée la moitié
des ouvrières. Les fourmis marquées ont ensuite été exposée à du
monoxyde de carbone ; une manipulation qui a pour effet d’accélérer le
vieillissement de leur système nerveux et de réduire sensiblement leur
espérance de vie.
Le rallye des grabatairesDans les semaines qui ont suivi l’opération, les fourmis « vieillies
au gaz » sont sorties plus fréquemment et ont été plus loin que leurs
congénères de même age, mais non gazées. En fait, les chercheurs se
sont également aperçus que plus l’exposition au gaz a été importante,
plus les fourmis sont promptes à devenir téméraires. Pour Moron, dont
l’étude sera
prochainement publiée dans la revue Animal Behaviour, ces résultats démontrent que c’est son espérance de vie réelle qui
détermine le comportement de la fourmi ouvrière, et non son âge absolu.
Celle-ci sait donc instinctivement quand elle va mourir, mais heureusement pour elle, elle n’en a pas conscience…
Yaroslav Pigenet
http://www.20minutes.fr/article/188500/Sciences-Les-fourmis-sentent-qu-elles-vont-mourir.php